No 76, 14 octobre 2019 

   RUBRIQUES DE CE NUMÉRO

SPÉCIAL NOMINATION RECTEUR*

1. Un processus de nomination avec des candidatures cachées  

Pour la plupart des membres de la communauté universitaire, le rectorat est une entité abstraite et fort éloignée de leur vie quotidienne. Tout au plus voient-ils à l’occasion la figure du recteur à un événement ou reçoivent-ils ses déclarations ou vœux de fin d’année.

Pourtant le personnage est le premier officier de l’université. De lui relève la structure administrative de l’institution. En lui repose la défense de la fonction prioritairement scientifique de l’institution universitaire. Par lui s’effectue l’interface avec la société et les pouvoirs publics. Son mode de sélection révèle l’identité et la personnalité d’une université.

Tous les 5 ou 10 ans, la nomination d’un nouveau recteur est une rare occasion pour la communauté universitaire de l’UdeM de se rapprocher du rectorat, de regarder de près les candidats et leurs programmes, et de réfléchir à la situation de l’université. Cela se fait dans le cadre d’une participation authentique à la nomination du recteur. Le processus est ouvert et public.

De 1967 à 2018 : un processus ouvert et participatif

Cette implication significative de la communauté universitaire, y compris dans la nomination du recteur, est un des acquis de la période de la Révolution tranquille marquée par l’adoption de la Charte de 1967. Auparavant la communauté universitaire était absente du processus de nomination du recteur. C’est l’Église catholique qui le nommait et les quatre premiers recteurs étaient des « monseigneurs ». Le processus était secret.

De la période 1920-1967 à la période post-1967, l’UdeM a été sur une trajectoire d’ouverture, de collégialité, de participation et de transparence. Le 14 mai 2018, durant l’exercice de modification des Statuts, l’Assemblée universitaire, représentante de l’ensemble de la communauté universitaire, a confirmé cette trajectoire, entre autres, pour la nomination du recteur : 1) liste publique des candidats, 2) c.v. et programmes fournis à la communauté, 3) participation à un exposé public des programmes avec période de questions pour la communauté, 4) scrutin indicatif à l’Assemblée universitaire.

En 2019 : retour au secret

Or, le 28 août 2018, le Conseil de l’université, instance de 23 membres, en majorité cooptés et externes à la communauté universitaire, a renversé la décision de l’Assemblée universitaire et décrété un processus fermé : 1) la liste publiée des candidats serait incomplète parce qu’elle ne contiendrait pas les candidatures cachées, 2) la communauté universitaire ne connaîtrait ni les c.v. ni les programmes des candidats, 3) il n’y aurait plus de présentation publique des candidats et des programmes, 4) l’Assemblée universitaire perdrait son droit de vote sur les candidatures, et 5) le Conseil pourrait nommer recteur une candidature dissimulée à la communauté universitaire.

À larges majorités, l’Assemblée universitaire a voté une résolution de désaccord avec cette action du Conseil le 10 septembre 2018 et une résolution demandant au Conseil de reconsidérer le 15 octobre 2018. De nombreuses unités et organisations ont appuyé la position de l’Assemblée universitaire (Rubrique 2). Pour sa part, le chancelier de l’université et président du Conseil a refusé de rencontrer le CEPTI et l’Assemblée universitaire pour discuter de ce qu’avait fait le Conseil et chercher une solution.

Constats et inquiétudes

- Les dispositions introduites par le Conseil sont antithétiques à l’esprit et aux usages du monde universitaire.

- À la collégialité, la transparence et la procédure commune sont substitués le « top down », l’opacité et la procédure de faveur.

- Le Conseil ramène l’UdeM à son passé pré-1967, alors que la « transformation institutionnelle » de 2016 était censée la projeter vers l’avenir.

- Les volontés d’une minorité (membres du Conseil) sont imposées à la majorité (la communauté universitaire).

- Le Conseil élargit unilatéralement ses pouvoirs aux dépens de la communauté universitaire et de sa représentante, l’Assemblée universitaire. Il monopolise la nomination du recteur et réduit la communauté universitaire à faire de la figuration.

- La procédure confidentielle conduit à la nomination d’un recteur du Conseil, non d’un recteur de l’université. Le rectorat n’en serait que plus rattaché au Conseil et plus éloigné de la communauté universitaire.

- Les candidats secrets bénéficient d’un passe-droit parce qu’ils ne subissent pas de concours public. Les candidats qui se prêtent au concours public peuvent se voir doublés par un candidat dissimulé qui s’en exempte.

- Les candidats qui font connaître leur candidature, leur c.v. et leur programme seront ceux qui respectent la communauté universitaire.

- Le Conseil affaiblit la légitimité et la crédibilité du recteur si sa candidature a été secrète. Choisi sans concours public, il aura accédé au rectorat en jouissant du privilège de se dérober à la communauté qu’il veut diriger. Son mandat est compromis et discrédité dès le départ.

- Ainsi fragilisé, un tel recteur est l’obligé et le prolongement du Conseil auquel il doit tout.

- Comme le Conseil représente majoritairement des visions, des logiques et des pratiques non universitaires, l’une des conséquences de la procédure secrète est d’augmenter les risques qui pèsent sur la mission universitaire d’enseignement et de recherche. Dans le rapport du comité de consultation, on note que le profil recherché du futur recteur comprend … « le courage managérial ».

Documentation

1. Numéros antérieurs d’Enjeux universitaires – Des profs vous informent :

https://enjeux-universitaires.ca/NV/numeros/2018-19/no-67-16-octobre-2018/

https://enjeux-universitaires.ca/NV/numeros/2018-19/no-68-6-novembre-2018/

https://enjeux-universitaires.ca/NV/numeros/2018-19/no-70-22-janvier-2019/

https://enjeux-universitaires.ca/NV/numeros/2018-19/no-72-19-mars-2019/

https://enjeux-universitaires.ca/NV/numeros/2018-19/no-73-16-avril-2019/

https://enjeux-universitaires.ca/NV/numeros/2018-19/no-74-13-mai-2019/

https://enjeux-universitaires.ca/NV/no-75-17-septembre-2019/


2. Lettre annexée au procès-verbal du 5 juin 2019 de l’Assemblée universitaire 


* Évidemment « recteur » et « candidat » sont épicènes. La forme courte évite lourdeurs et répétitions.


2. Unités académiques, associations et syndicats qui appuient la décision de l’Assemblée universitaire en faveur d’un processus ouvert, collégial et participatif de nomination du recteur 

1. Unités académiques

Département d’anthropologie

Département de bibliothéconomie et des sciences de l’information

Département de communication

Département de démographie

Département de didactique

Département de géographie

Département d’histoire

Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques

Département de linguistique et de traduction

Département de littératures et de langues du monde

Département de mathématiques et de statistique

Département de pathologie et microbiologie

Département de philosophie

Département de physique

Département de psychologie

Département de psychopédagogie et d’andragogie

Département de santé environnementale et santé au travail

Département de sciences biologiques

Département de sciences économiques

Département de sociologie

Département des littératures de langue française

Département d’informatique et de recherche opérationnelle

École de criminologie

École de psychoéducation

École de relations industrielles

École de travail social

Faculté de pharmacie

Institut d’études religieuses

 

2. Syndicats et associations

AGÉÉFEP : Association générale des étudiants et étudiantes de la Faculté de l’éducation permanente de l’UdeM

FAÉCUM : Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM

SEEUM-1186 : Syndicat des employés d’entretien de l’UdeM

SERUM : Syndicat des employé.e.s de la recherche de l’UdeM

SÉSUM : Syndicat des étudiant(e)s salarié(e)s de l’UdeM

SEUM-1244 : Syndicat des employé.e.s de l’UdeM

SGPUM : Syndicat général des professeurs et professeures de l’UdeM


3. Recteurs de l’UdeM

1920 - 1923    Mgr Georges Gauthier

1923 - 1934    Mgr André-Vincent-Joseph Piette

1934 - 1955    Mgr Olivier Maurault

1955 - 1965    Mgr Irénée Lussier

1965 - 1975    Roger Gaudry               

1975 - 1985    Paul Lacoste

1985 - 1993    Gilles G. Cloutier

1993 - 1998    René Simard

1998 - 2005    Robert Lacroix

2005 - 2010    Luc Vinet

2010 - 2020    Guy Breton 


4. Un processus autrefois transparent

Des pages du journal Forum illustrent le processus ouvert, collégial et participatif qui a eu cours à l’UdeM depuis qu’elle a été laïcisée durant la Révolution tranquille et auquel le Conseil de l’université a mis fin en 2018.

2009

calendrier (annotations importantes à la page 3)

candidats et programmes 

résultat du scrutin

2004

calendrier (annotations importantes à la page 2)

candidats et programmes 

résultat du scrutin

1997

lancement

candidats

résultat du scrutin

débat des candidats

1992

candidats

résultat du scrutin

1984

lancement

candidats

scrutin

résultat du scrutin

1974

des professeurs font le procès de la procédure

(Remerciements à madame Céline Widmer, archiviste à la Division de la gestion de documents et des archives, Secrétariat général) 


5. Rapport du comité de consultation sur le profil recherché


6. À l'Assemblée universitaire : campus MIL, comités d’éthique de la recherche, École de santé publique

Faits saillants de la séance du 9 septembre 2019 (surlignés dans le procès-verbal) : procès-verbal du 9 septembre 2009

·   page 10 : campus MIL

·   page 11 : comités d’éthique de la recherche

·   pages 11-19 : École de santé publique


Deux changements mineurs ont été apportés au procès-verbal lors de la séance du 7 octobre de l’Assemblée universitaire.