BONNE RENTRÉE
La liberté d’expression, toujours d’actualité
Les menaces externes qui s’exercent sur l’université sont multiples : intérêts économiques, pouvoirs politiques, médias, lobbys de tous genres cherchant à soumettre l’université et les universitaires à leurs volontés, à s’en servir à leurs fins, ou à les réduire au silence.
Les menaces internes ne sont pas moindres : membres de la communauté universitaire appelant à sévir contre d’autres universitaires pour cause de divergence de vues.
Les deux professeurs de l’Université Laval suspendus sans solde en juin dernier (rubrique 1) l’ont été suite à une plainte d’un collègue auprès de la direction. En mars dernier, quelques « enseignants » de l’Université de Montréal se sont adressés à un média pour appuyer leur demande que l’administration prenne « une décision » contre un collègue. (https://enjeux-universitaires.ca/NV/numeros/2021-22/no-104-12-avril-2022/) Dans le cas bien connu de la chargée de cours de l’Université d’Ottawa en septembre 2020, ce sont des étudiants qui ont fait appel à l’administration et utilisé les réseaux sociaux.
Dans les trois cas, l’initiative pour porter atteinte à la liberté d’expression émanait de l’intérieur. Voilà qui donne à réfléchir sur l’état de santé des principes universitaires au sein même de l’institution dont l’existence en dépend. Le ver est dans le fruit.
Les directions universitaires sont sollicitées par des membres de la communauté universitaire à se mêler de différends de points de vue hors de leurs compétences et de leurs attributions. Il leur est demandé de trancher en faveur d’une des parties, de lui donner raison et de punir l’autre (en clair, de censurer). Les médias et les réseaux sociaux sont mis à contribution pour amplifier l’exigence d’intervention, créer un effet de foule et forcer l’université à céder sur les principes par crainte pour sa « réputation » et son « image », lesquelles seraient écornées par le brouhaha médiatique sur la place publique. C’est le chantage de la mauvaise publicité.
La loi 32 et les déclarations de principes des universités sur la liberté d’expression suffiront-elles pour stopper la dérive ? Cela reste à voir. Le cas survenu à l’Université Laval, munie d’une déclaration de principes, alors même que l’adoption de la loi 32 faisait les manchettes, permet d’en douter.
Quoi qu’il en soit, rappelons-nous
- que la liberté d’expression vaut surtout pour ceux avec qui on n’est pas d’accord, pas seulement pour ceux qui pensent comme nous,
- que les désaccords se traitent par l’échange, le débat et l’affrontement des idées, non par des décisions administratives; on réplique à des propos qu’on désapprouve par des arguments, pas par l’appel au bâillon, au gendarme et aux représailles (cela semble devenir un réflexe dans la société en général),
- que les déclarations des membres de la communauté universitaire leur sont personnelles et que les autres membres de la communauté universitaire n’en sont pas coresponsables,
- qu’il n’y a pas de délits d’opinion,
- qu’il n’y a aucune obligation d’être de l’avis de la majorité ou dans le consensus, car les deux peuvent être erronés (n’a-t-on pas longtemps cru la terre plate et le soleil tournant autour d’elle ?),
- que seuls l’enquête, l’analyse et le débat déterminent la valeur des idées, qu’elles soient établies (acceptées) ou nouvelles (promues ou « controversées »),
- que seules les violations de la loi du pays ou des règlements de l’université sont matière à mesures disciplinaires,
- qu’enfin une université n’est possible qu’avec une diversité de points de vue, aussi dérangeant (« inconfortable ») que cela puisse être, et que des « vérités » assénées autoritairement seraient antithétiques à l’université.
RUBRIQUES DE CE NUMÉRO
1. Deux professeurs suspendus à l’Université Laval
2. Étudiants étrangers et visas
3. Rentrée : politiques des universités canadiennes sur la COVID-19
4. Internationalisation de l’UdeM
Documents présentés à l’Assemblée universitaire le 12 septembre 2022.
5. À l'Assemblée universitaire : mémoire de l’UdeM sur le projet de loi 32, rapport mission du recteur sur la liberté d’expression, plan de développement durable
Faits saillants de la séance du 16 mai 2022 (surlignés dans le procès-verbal) : procès-verbal de la séance
· pages 6, 8 : mémoire l’UdeM sur le projet de loi 32
· pages 15-16 : rapport mission du recteur sur la liberté d’expression
· pages 16-19 : plan de développement durable
Un changement mineur a été apporté à ce procès-verbal à la séance 12 septembre 2022.