No 99, 24 janvier 2022 

RUBRIQUES DE CE NUMÉRO

Vers la normalité ou vers un désastre ?

La direction de l’UdeM a décrété le retour obligatoire pour tous sur le campus alors que sévit la 5e vague de la pandémie. La communauté universitaire n’a pas été consultée sur un sujet qui touche sa santé. Les syndicats qui la représentent ont été tenus à l’écart de toutes les décisions. C’est un choix solitaire effectué par la direction qui touche des milliers de personnes.

Son seul interlocuteur est le gouvernement. Il n’a pas d’autorité directe sur les universités, lesquelles sont autonomes. Mais il a un pouvoir réel plus puissant que le pouvoir formel : l’argent. La subvention annuelle, la garantie à la dette accumulée et les mises de fonds pour la construction d’immeubles sont les éléphants dans la pièce lors des tractations avec les universités. Le gouvernement a les moyens de soumettre les universités à ses volontés, faisant fondre leur autonomie comme neige au soleil. Cela dit, étant formellement responsables de leurs décisions, les administrations universitaires, et non le gouvernement, porteront le chapeau en cas de malheur. 

On ne comprend pas la hâte à jouer à la roulette avec la santé de milliers de membres de la communauté universitaire. Ni le gouvernement ni la direction n’avancent de justification à ce retour en masse pendant la vague d’Omicron. Aucune amélioration significative ne s’est confirmée dernièrement sur le plan sanitaire. Le « pic » n’est pas atteint, la « descente » encore moins. Pourquoi ne pas avoir attendu qu’ils se soient produits ?

Le gouvernement lui-même vient de répéter qu’il est trop tôt pour relâcher les mesures de protection. (voir rubrique 1) Pourquoi les restrictions applicables aux salles de cinéma et de spectacles sont-elles levées pour les salles de classe, en tous points similaires ? Est-ce parce que le gouvernement serait tenu responsable d’une calamité dans les premières mais pas dans les secondes ? Tout espace fermé, réunissant beaucoup de monde pour des heures est idéal à la propagation du virus. Pour aller au-devant de la contamination, on ne saurait faire mieux que de s’engouffrer dans de tels lieux et dans de telles conditions. Le virus est répandu mais faut-il pour autant aller le chercher en prenant un bain viral ?

Compte tenu des risques auxquels ils seraient exposés pendant la pandémie, la moindre des délicatesses aurait été de ne pas contraindre les professeurs et les chargés de cours, et de les laisser choisir entre l’enseignement en présentiel et l’enseignement en distanciel, selon leur besoins personnels et pédagogiques. Ils en sont les meilleurs juges. Ceux et celles qui le veulent enseigneraient en présentiel; ceux et celles qui considèrent trop dangereuse la situation exceptionnelle actuelle continueraient d’enseigner à distance. C’était la formule mise en œuvre pour l’année 2021-2022, mais annulée subitement le 31 mai 2021 pour répondre au vœu du gouvernement d’un retour obligatoire au présentiel. Le conseil syndical du SGPUM a voté à deux reprises à l’unanimité pour la liberté de choix (22 juin et 17 décembre 2021) mais la direction préfère la contrainte.

Les communautés universitaires, elles, sont envoyées au combat dans un état d’impréparation flagrant :

  1. Les tests PCR étant moins utilisés, on n’aura plus de données fiables sur les éclosions;
  2. Les tests rapides ne seront pas disponibles sur les campus;
  3. Les masques N95, nécessaires face à l’extrême contagiosité d’Omicron, ne seront pas fournis;
  4. Le taux de vaccination à 3 doses est enveloppé d’opacité dans les statistiques;
  5. Le surcroît d’infections, d’absences et de problèmes psychologiques est prévisible et l’on ne sait pas comment on parera à la désorganisation et à la surcharge de travail pour les professeurs et les chargés de cours qu’elles entraîneront.


La politique gouvernementale a changé. De la lutte contre le virus par la diminution des contacts, elle s’est imperceptiblement convertie à la cohabitation avec le virus, autrement dit à la recherche de l’immunisation par la contamination communautaire, que la communauté le veuille ou pas. Là réside la véritable explication de l’expérience grandeur nature dans laquelle les communautés universitaires seront les sujets.


1.  Pas de relâchement

« On ne peut pas se permettre d’assouplir les mesures »

« On ne peut pas se permettre d’assouplir davantage »

« Trop tôt pour un déconfinement »

Pas encore au pic


2. Des universités canadiennes diffèrent le retour en présentiel

https://www.universityaffairs.ca/news/news-article/covid-19-updates-for-canadas-universities/?utm_source=University+Affairs+e-newsletter&utm_campaign=66f1586918-EMAIL_CAMPAIGN_2022_01_19&utm_medium=email&utm_term=0_314bc2ee29-66f1586918-425244973


3. Des étudiants de McGill demandent le distanciel

https://montreal.ctvnews.ca/mcgill-social-work-students-plan-to-strike-from-in-person-classes-stay-online-1.5743986


4. Il vaut mieux ne pas attraper Omicron pour s’immuniser

https://lactualite.com/sante-et-science/non-il-ne-faut-pas-se-resigner-a-attraper-omicron/?e=e391a1ec53&utm_source=L%E2%80%99actualit%C3%A9&utm_campaign=9ab27f307e-EMAIL_CAMPAIGN_2022_01_18_05_00&utm_medium=email&utm_term=0_f566f03091-9ab27f307e-397232646


5. Pendant que le « bas peuple » « en arrache », la pandémie fait le bonheur des milliardaires

https://www.lapresse.ca/international/2022-01-17/rapport-sur-les-inegalites/de-plus-en-plus-riches-de-plus-en-plus-pauvres.php

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1854813/economie-inegalites-oxfam-rapport

https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/01/17/covid-19-la-fortune-des-milliardaires-a-plus-augmente-pendant-la-crise-qu-au-cours-de-la-derniere-decennie-selon-oxfam_6109804_3234.html


6. Appel à information

Merci aux collègues qui nous alimentent d’information. Continuez. Que d’autres les rejoignent.